Les hommes aussi ont la chair de poule by Karine Lambert

Auteur:Karine Lambert [Lambert, Karine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Chick-Lit
Éditeur: StoryLab Editions
Publié: 2020-03-04T23:00:00+00:00

18

Paul attendait qu’ils soient tous installés à la table du petit-déjeuner pour faire son entrée.

– Vous n’avez pas entendu le feulement d’un chat au printemps cette nuit ? interroge Simon en rigolant.

Fabrizio ne loupe jamais une occasion de se moquer de Paul.

– En tout cas, ce n’était ni un chat écorché vif, ni une oie qu’on égorge, ni une mouette rieuse.

Paul se glisse entre Théo et Max. Il savoure le moment, prend le temps de se verser un café, boit tranquillement une gorgée et dépose sa tasse avant d’annoncer :

– Exceptionnellement, je dirai la vérité. Hier soir, j’ai emmené une femme dans ma chambre.

– Sans blague, glousse Simon.

Il imite le bruit entendu. Fabrizio entame des vocalises.

– Vous voulez deviner qui c’est ?

– On manque d’indices, à part le cri, se marre Fabrizio.

– Quel cri ? s’étonne Théo.

– À 1 h 12, précise Simon. Je le sais, je me rancardais sur Tinder.

– D’accord, je suis bon prince, je vous aide avec un choix multiple. Petit a : la fille du photographe. Petit b : la comptable. Petit c : Madame Gillou. Petit d : la boulangère.

Fabrizio ironise :

– Ce qu’il faudrait à notre bande, c’est quelqu’un de drôle.

– Si vous avez une recette, j’achète, dit Théo.

– Au pensionnat, tu serais viré, ajoute Simon.

– Justement, si on parlait du règlement ? intervient Max.

Paul grimace :

– Détends-toi, mon p’tit loup. Tu ne vas pas disjoncter pour un cri. Ça te manque tant que ça ? Ne nous voilons pas la face, ça nous manque à tous. Lequel d’entre vous ne serait pas prêt à échanger une caisse de champage contre une turlutte au réveil. Modifions ce règlement, puisque nous l’avons inventé. À partir d’hier, pour chacun, deux nanas maximum par mois entre minuit et cinq heures du matin.

– Ce n’est pas très cohérent avec le dialogue que nous proposons aux femmes. Tu te rends compte comment tu parles d’elles, Paul ? Très loin des idéaux que nous avons choisi de défendre. On maintient la règle. Je ne veux pas que Louise imagine que l’École est devenue un baisodrome.

– Elle n’est pas là, Louise ! Arrête ! Tu frôles le ridicule…

Fabrizio, Simon et Théo baissent la tête, persuadés d’assister à une scène qui ne les concerne pas.

– Les gars, j’me tire, dit Théo. Je finirai mon petit-déjeuner ailleurs. Pas envie d’assister à vos engueulades.

– Salut, à ce soir.

Ils le regardent partir d’un pas traînant. La semaine suivante, c’est son anniversaire. L’idée leur vient de lui concocter une surprise spéciale pour lui remonter le moral, éradiquer les cernes sous ses yeux. Surtout pour lui signifier que cinquante-cinq ans marquent l’ouverture, la page blanche et, dans son cas, ses débuts d’homme libre.

Comment insuffler de la joie à cette déprime qui colle au jean de Théo ? Max leur fait confiance et part travailler. En ce qui concerne les autres, pas de sport, les muscles sont encore endoloris par l’aviron. Le théâtre proposé par Paul est jugé trop intello. Simon sourit et suggère une virée nocturne à la foire.

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